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Comment débusquer l'animal ?

Chloé Ullern

Vous êtes invité à un dîner mondain et vous vous demandez ce que l’individu prétentieux et méprisant en face de vous fait comme métier ? Vous êtes assis dans le bus et vous ne pouvez pas vous empêcher de vous demander la profession des gens autour de vous ? Vous êtes au restaurant et vous voulez avoir la confirmation que l’effroyable individu qui terrorise une serveuse qui lui a apporté un steak saignant au lieu de « à point » est bien un avocat ? Mais vous ne savez pas comment procéder : normal, l’animal est difficile à flairer, et s’il est prétentieux il peut aussi rester discret sur sa profession jusqu’à ce que la vérité éclate. Ne vous désespérez pas, nous vous apportons toutes les clefs de compréhension pour débusquer l’avocat !

  1. L’habit fait l’avocat. Pas d’attaque sur le physique, c’est d’accord. Mais le choix de la tenue vestimentaire, ce n’est pas le physique, n’est-ce pas ? Le meilleur moyen de démasquer l’avocat, c’est encore de le confondre par sa tenue. En soirée, au marché, au travail, au cinéma, l’avocat arborera toujours la même tenue. Pour les hommes, un costume, éventuellement taillé sur mesure, et acheté en trois exemplaires de couleurs différentes. Pour les femmes, même si c’est plus difficile, le tailleur de marque et les escarpins noirs sont un signe de l’appartenance à la famille des avocats. Mais ce qui les trahit, c’est la permanence avec laquelle ils portent la même tenue dans toutes les circonstances. Concernant les chaussures, ne vous y trompez pas : si vous voyez une paire de baskets, vous pouvez être rassuré, ce n’est pas un avocat. En effet, contrairement à ses congénères « branchés », l’avocat ne « cassera » jamais son look impeccable avec une paire de chaussures qui ne serait pas du même standing. ATTENTION, il existe néanmoins un piège, une espèce particulière d’avocats fait exception à ces codes vestimentaires, et prendra toujours soin de s’habiller comme « l’homme du peuple » : l’avocat pénaliste.
  1. Le verbe trahit toujours. En présence d’un avocat, on ne se sent jamais totalement à l’aise. Beaucoup de témoins racontent qu’ils avaient l’impression d’être des individus inférieurs, sans pour autant que cela n’ait été expressément exprimé par l’avocat lui-même. Cette sensation vient bien souvent d’un petit rien, d’une impression, d’un malaise. Néanmoins, des indices dans le comportement des avocats peuvent le trahir et permettre à l’observateur attentif de savoir à qui il a affaire avant de tomber dans son piège psychologique. Votre meilleur allié sera votre capacité à entendre ces expressions que seul un avocat peut prononcer. Elles lui donnent l’impression de dominer son sujet mais aussi tous les autres, d’appartenir à une famille de noblesse, et ont pour conséquence de faire sentir les autres comme des individus d’une grande inculture. Il s’agit des mots suivants : « expressément », « attendu que », « usufruit », « quid », « nonobstant », « au visa de », « en l’espèce » … Ici, l’avocat pénaliste est encore plus facile à débusquer : il est le seul individu sain d’esprit à s’aventurer à citer Robert Badinter alors qu’il prend tranquillement son brunch le dimanche matin. Alors, restez à l’écoute.
  1. Le test ultime. En cas de doute persistant, nous vous proposons un ultime test à faire passer à l’avocat présumé. Attention, cette technique n’est à utiliser qu’en cas d’extrême nécessité, car si l’individu que vous testez est bien un avocat, sa réaction pourrait être violente. Soumis à ce test, des avocats ont des réactions épidermiques, d’autres perdent complètement leur sang-froid, voire leurs cheveux, et certains peuvent même complètement craquer psychologiquement. Après avoir pris vos précautions, prononcez à haute voix et distinctement la phrase suivante : « La loi stipule ». Si l’individu n’a aucune réaction, vous pouvez être sûr qu’il ne s’agit pas d’un avocat. Dans le cas contraire, l’étendue de sa réaction n’aura d’égale que l’étendue de son sentiment d’appartenance à la grande et noble famille des avocats.

Et voilà, vous êtes désormais fin prêts à débusquer l’avocat. Un dernier conseil : attention à ne pas vous laisser contaminer. Quand vous vous surprendrez à utiliser l’expression « en l’espèce », il sera trop tard …