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Et les avocats au Palais de Justice, ils en pensent quoi ?

Nous nous sommes rendus ce mardi 9 octobre 2018 au Palais de Justice de Paris (enfin l’ancien Palais) pour interviewer quelques avocats. Malgré le manque d’ambiance et le faible nombre d’avocats nous avons réussi à en interviewer deux/trois afin de leur poser quelques questions sur leur profession .On vous laisse découvrir.

La première avocat que nous avons rencontré est avocat collaborateur depuis un an dans un petit cabinet généraliste ( civil, commercial … )

Est ce que vous auriez aimé exercer en province et pourquoi ?

Oui cela ne m’aurait pas dérangé. Cependant, pour des raisons personnelles, j’ai choisi le barreau de Paris. Toute ma vie sociale est ici.

Est ce que selon-vous vos confrères de provinces exercent le même métier que ceux qui exercent à Paris? Conditions de travail?

Tout dépend de la taille du barreau. Toutefois, je pense que l’exercice est le même, le rapport à la clientèle est le même, les affaires sont les même .Cependant, il y a une chose qui diffère de Paris c’est la proximité entre les confrères. Dans les petits Barreaux comme Chartres, St Quentin, par exemple tout le monde se connaît … Il y a une très grande proximité ainsi qu’une entraide entre eux qui est beaucoup plus forte qu’à Paris. Quand j’arrive en audience à Paris je ne salue pas tous les confrères alors qu’en province c’est la cas. Je pense qu’il existe une facilité pour plaider en province qui n’existe pas à Paris.

Est-ce qu’il est plus facile de faire carrière en province ou à Paris ?

Tout dépend de la spécialité …. Je viens d’une petite ville en Corrèze et avec mon expérience Parisienne, je pense que je pourrais avoir une super carrière en province. Je connais plusieurs avocats en Province qui se sont associés assez rapidement. Par exemple, j’ai un ami qui s’est associé à Narbonne récemment avec quatre autres personnes et le cabinet tourne à plein régime. Ils peuvent avoir une plus belle carrière qu’ici. Ils s’associent beaucoup plus vite. Dans mes amis proches qui sont partis en province, ils se posent tous la question de créer leur cabinet ou de s’associer alors que les jeunes avocats à Paris prennent plus leur temps et sont plus paniqués à l’idée de devoir s’associer ou de créer leur cabinet.

Est ce que vous avez senti chez vos confères parisiens un petit mépris vis à vis des avocats de Province qui viendraient par exemple plaider à Paris?

Oui, j’ai assisté à des discussions entre avocats où des confrères Parisiens critiquaient les confrères de province en s’exclamant et racontant qu’ils n’y connaissaient rien. Cependant, les avocats Parisiens apprécient la gentillesse et la confraternité des avocats provinciaux qui viennent saluer leur confrère en début d’audience.

Le deuxième avocat que nous avons rencontré est avocat collaborateur depuis 6 mois dans un cabinet spécialisé en droit pénal et droit de la famille pour les violences conjugales.

Quels sont selon vous les principaux clichés sur la profession d’avocat ?

La crédibilitésurtout quand on est jeune comme moi. Les clients sont persuadés que les jeunes ne savent pas de quoi ils parlent et ne maîtrisent par leur sujet.

Manipulateur.Quand on a un un soucis, lorsqu’on demande un renvoi c’est forcément de la manipulation ou qu’un mensonge se cache derrière.. On pense qu’on est des petits filous … pas digne de confiance …

L’avocat est riche. Lorsque je discute avec des amis ou de la famille et que je leur parle de ma rétrocession et que je déduis les charges, ils sont assez étonnés de la précarité du métier d’avocat.Les gens pensent que lorsqu’on est avocat on a un statut social, on gagne bien sa vie ... Ils sont étonnés lorsqu’on leur dit qu’on a 1500 euros par mois pour vivre, que l’on a pas de RTT, que l’on a pas de retraite, qu’on ne prend pas nos congés quand on le veux. Quand je leur explique tout ça, ils déchantent un petit peu …

Les avocats savent tout . On pense souvent que nous ne sommes multi-casquettes, alors que ce ce n’est pas le cas. J’ai souvent des amis ou de la famille qui me pose des questions juridiques. Cependant, exerçant en droit de la famille, on me pose souvent des questions sur ce thème puisque ça touche à des sujets de la vie de tous les jours. Je suis alors assez à même de répondre puisqu’il s’agit de ma spécialité.

Les avocats défendent les criminels: oui je défends les méchants et alors?

Quid de l’avocat qui parlent avec le jargon juridique ?

Ça ce n’est pas tant un cliché. L’avocat ne s’en rend pas forcément compte. Cela m’arrive parfois d’être au téléphone avec un client et de parler de JAF , de JE, d’ ONC sans forcément m’en rendre compte. Parfois j’ai l’impression que la procédure est claire, alors que ça ne l’est pas forcément pour le client. En tant qu’avocat nous devons faire attention aux mots employés face à notre client.

Quid de la différence d’exercice entre les avocats Parisiens et les avocats Provinciaux ?

Il y en a une oui: dans les petits barreaux tout le monde se connaît : les magistrats, les avocats … Les traditions sont agréables dans les barreaux de Province : c’est convivial . Par exemple, le postulant vous présentera aux autres confrères: il y a un vrai esprit de confraternité.

Est ce que vous aurez plus d’être avocat en Province?

Je crois que j’aime bien ce côté anonyme à Paris. Si tu exerces dans un petit barreau, le jour où tu te trompes tout le monde le sait. Il faut pouvoir l’assumer et on se fait vite une réputation.